LES SIX GRENOUILLES DE BÉNITIER
Partout dans le monde,
il y a des grenouilles, y compris des crapauds,
comme dans la ceinture tropical des îles émeraudes.
Les grenouilles de la nature sont des amphibiens
qui vivent une vie variée sur terre et dans les eaux,
et se limitent aux choses qui leur appartiennent.
Elles ne ressemblent pas à celles des cultures sacrées
qui se nourrissent de dogmes durs et impertinents.
Hier, leur liberté culturelle était l'indépendance :
la liberté d'un peuple qui a bravement vaincu
et chassé son dominateur colonial,
en coupant tout lien avec le Raj orange
et sa petite grenouillière froide au nord.
Mais la liberté de l'État n'est plus l'état de la liberté.
Aujourd’hui, c'est la liberté des plus puisants,
d’opprimer les compatriotes qui diffèrent,
d’imposer leur conception totalitaire
de la vie privée à tous et à toutes,
de réserver l’institution du mariage
aux croyants de six religions élues.
Nulle part dans le monde
les grenouilles de la nature n’ont criminalisé
tous contacts sexuels en dehors du mariage.
Pourtant celles de la culture réclament la punition
en cachant religieusement leur propre conduite.
Elles ont secoué un joug, et sont devenues un joug.
La ceinture se resserre, l’émeraude s’assombrit,
la liberté se fane.
Vincent
van Mechelen
80.LNW
[MP3
FILE, 1.3 MB, 1:20, MONO
WITH SYMMETRICAL BACKGROUND MUSIC]
Le titre et les références aux grenouilles dans le poème ci-dessus sont
inspirés de l'expression grenouille de bénitier, qui
désigne une personne d'une dévotion excessive, une
fervente adepte des pratiques religieuses (à l'origine
chrétiennes ou catholiques).
D'une part, dans le poème une 'grenouille de bénitier' peut être un
croyant quelle que soit sa religion, mais d'autre part, l'expression est
expressément réservée aux personnes qui imposent, ou
s'efforcent d'imposer, les idées, pratiques et règles de leur(s)
propre(s) religion(s) aux gens qui croient en quelque chose de différent
ou pas du tout.
Il y a deux autres poèmes de Vincent van Mechelen en Cette Langue :
« Cette Langue qui unit les
nôtres » (un acrostiche de Cette Langue elle-même) et
« Les Deux tout le temps nouveaux ».
* La taille de police initiale de 38 % ou plus pour le
poème proprement dit est une taille à laquelle il existe une
correspondance complète entre une ligne
poétique (ou 'vers') et une
ligne typographique.
Avec une taille de police standard de 100 %, une ligne poétique peut
être divisée en deux ou plusieurs lignes typographiques
successives en fonction de la largeur de la
fenêtre d'affichage.
* The initial font size of 38% or more for the poem proper is
a font size at which there is a complete correspondence between a poetic
line and a typographical line.
With the standard font size of 100% a poetic line may be divided over two
or more successive typographical lines dependent on the width of the
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